dimanche 6 mars 2016

Pemi-Loop white mountains

https://flic.kr/s/aHskvN36uA



Pemigewasset
Pemi-Loop - Aventure alpine
Statistiques
J1 : 12h00 de marche, gain altitude 2155m
J2 : 11h30 de marche, gain altitude 1006m
Distance : 51 Km

Samedi matin 4h00 am la montre sonne. Je sors dehors afin d’y déposer mon matériel dans la voiture et me dirige vers le resto qui ouvre ses portes à 5h30. La tempête a frappée toute la nuit. Les routes ont cumulé plus de 5 pouces de neige. Au resto, je suis le premier client avec les déneigeurs.  

Mon départ s’est fait vendredi de Montréal afin de me rendre dans le secteur de Franconia. Après un snack rapide au petit village de Littleton, je me suis dirigé à ma chambre de motel afin d’y finaliser mon packsack ainsi que la logistique. Cette année, j’ai opté pour une tente solo 3 saisons. Mieux ventilé et plus légère, ce fût un bon choix. Au niveau des équipements et face à la météo j’ai modifié à la dernière minute le choix de mes vêtements afin d’y glisser dans mon sac un chandail laine polaire, un manteau de duvet mince et canceller mon gros manteau duvet. 

Le week-end s’annonçait humide et avec des précipitations dans la partie haute de la montagne.
Le premier sommet atteint est le Mt-Flume 1319m. En haut, la météo annonce déjà ses couleurs. Visibilité 100m, bons vents et aucun soleil. Après une descente en forêt, ça remonte pour Mt-Liberty 1359m. Le froid est tolérable, rien d’extrême et pas aussi froid que ma traversée présidentielle de l’an passée. Contrairement à ce que l’on peut penser, le Pemi-Loop ne se fait pas à dos de crêtes. Bien au contraire, ce qui en fait sa principale difficulté sont les up and down de la forêt à la zone alpine. La neige s’est bien installée dans la section boisée rendant  le footing difficile. J’aurais hautement préféré des chemins en croûtes ou avec de la neige ferme. Mon cellulaire est allumé afin d’y recevoir les dernières météos prévues (texto) pour samedi et dimanche. La réception est partielle dans cette chaine de montagnes. Avant d’entamer la section hautement exposée aux vents, soit Mt-Haystack/Lincoln/Lafayette, je vérifie et constate qu’on annonce en pm des vents moyens de 55-75 mph avec pointe de 90 mph ! Une fois sortie du bois, j’attaque la section avec une grande réserve, soit celle de sortir des montagnes à tout moment. Ça frappe fort et je lutte pour tenir mon équilibre. L’adrénaline met mes sens bien en éveils. Je marche avec mes gros crampons sur la roche et la glace dans le néant sur une distance de 2.5 milles exposé aux grands vents. Tout d’un coup, pour la première fois de la journée, le ciel s’ouvre devant moi me permettant d’y voir de superbes phénomènes naturels. Au loin, j’y vois le proéminent Mt-Lafayette 1603m qui se fait frapper de plein fouet par les vents. Ouffff, plus certain que je dois continuer. Ce qui me rassure, c’est que la température + le facteur vent ne rende pas la démarche trop extrême. Et puis, à nouveau, le ciel se couvre et je marche dans le ciel blanc, je grimpe. Arrivée en haut, victoire, je touche à la pancarte et j’entame ma descente vers la forêt à l’abri des vents. Reste Garfield ridge qui m’a pris autour de 3h30 afin d’arriver au campement. Le chemin est un casse jambes en pleine forêt avec des up ans down sans relâches. Mes gourdes sont à sec (3 nalgene), je mange donc de la neige fraîche sur une durée de 1h30 jusqu’au camp ou j’installe ma tente. Chrono : 12hrs, 25 Km, gain altitude 2153 mètres (presque l’équivalent de faire Mt-Washington 2 fois allée-retour dans la même journée en autonomie). Les jambes sont finies L

Dimanche
Au matin, je jase avec deux gars qui ont passé la nuit au même campement. Ils me disent que le pire est fait au niveau du dénivelé. Par contre, c’est un autre 25 km en distance. Ce qui me fait peur, c’est que le reste des sentiers sont beaucoup moins marchés et remplis de neige suite à la tempête. J’avais opté de faire la route uniquement avec mes crampons. Erreur !!!! Les raquettes …. dans le coffre. Par chance, les deux gars s’en vont vers le prochain campement, donc ils pourront m’ouvrir le chemin en partant avant moi. J’hésite quand même…. Sortir des montagnes ou foncer pour boucler la Pemi-Loop. Il me reste encore un gros sommet à franchir, soit south Twin. Après celui-ci, je sais qu’un bon bout est accompli. J’y vais donc avec le principe du; un pas à la fois, un sommet à la fois. Les sentiers sont essoufflant. Je défonce à plusieurs endroits sur une longue période avant le Mt-Twin. Arrivée à Gale head Hut, je prends une petite pause sur le balcon du lodge fermé en hiver. Ne reste que 0.8 milles pour le sommet de South Twin 1494m, qui sera une autre belle victoire. Je m’accroche dans cette pente qui monte directe au ciel. La fatigue se fait déjà sentir et je suis loin d’avoir terminé la journée. Arrivé en haut, je suis heureux et je sais que je peux maintenant finir la longue route. De retour dans la section boisée, je marche dans une portion qui a peu été marchée cet hiver. Le chemin est couvert de neige et ça défonce souvent jusqu’aux mollets et parfois jusqu’aux hanches ! Je garde le focus sur l’avant dernier sommet, soit Mt-Bond 1432m. La température baisse de quelques degrés et je me dois de bien calculer ma nourriture ainsi que mon eau pour la fin du parcours. Après Bond, reste la dernière partie à ne pas sous-estimer, Bondcliff. Ce sommet est en fait un ridge exposé directement aux grands vents. J’arrive à celui-ci en fin pm et en vérifiant mon cellulaire, on indique des rafales allant jusqu’à 85 mph et des moyennes de 50-70 mph. De cet endroit, les portes de sorties sont rares. Le vent frappe, la visibilité très faible et mon énergie en descente. Je marche tout en gardant un œil vers le haut afin d’y voir les cairns. La route n’est pas très claire. J’utilise ma boussole à l’occasion pour ne pas prendre la mauvaise direction. Quelques mètres avant le sommet de Bondcliff 1300m, les nuages se tassent me permettant d’y voir le parc Pemigewasset dans toute sa splendeur. C’est vaste, énorme. C’est un clin d’œil que mère nature me donne dans cette fin d’aventure. La descente commence sur plus de 14 km interminables. Je suis complètement vidé. Le stress des vents, le poids du sac à dos, les pieds qui brûlent et la distance du parcours me font plier et craquer plusieurs fois avant d’arriver à la voiture. Je m’appuis sur mes pôles plusieurs fois pour prendre de petites pauses. J’allume ma frontale et je fais semblant de me convaincre que je n’ai plus de sac à dos….ahahahah ! Quelle aventure, j’ai réussi à boucler la redoutable Pemi-Loop hivernale en deux jours et en autonomie. Beaucoup plus difficile et plus longue que la traversée présidentielle, je comprends pourquoi on la surnomme Death March. Bien entendu, j’aurais pu faire le trajet en 3-4 jours, mais bon ! Un secteur à explorer, allez-y.